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mardi 8 mars 2016

Comment fonctionne la création 
monétaire ?




Qu’est-ce que la monnaie ?

C’est un instrument de paiement reconnu par les Etats, les ménages et les entreprises. Pendant des millénaires, on s’est contenté d’utiliser des matériaux précieux pour régler ses achats (pièces d’or ou d’argent, sel et même coquillages). Mais à partir du milieu du XVIIe siècle, les orfèvres londoniens, à qui les riches marchands confiaient leur or, ont commencé à émettre des certificats de dépôt. Et leurs possesseurs se sont rendu compte qu’il était beaucoup plus facile de payer et de se faire payer avec ces bouts de papier (en qui tout le monde avait confiance) qu’avec des pièces métalliques. La monnaie fiduciaire était née. Aujourd’hui les choses ont bien changé : 90% des échanges se font par de simples jeux d’écritures (chèque) ou par des mouvements électroniques (carte bancaire, virements). Mais le principe – la confiance – est toujours le même.

Qui crée la monnaie ?

Contrairement à ce que l’on croit souvent, les instituts d’émission (BCE, Réserve fédérale américaine et toutes, Bank Al Maghrib les autres Banques centrales), seuls habilités à imprimer des billets et à frapper des pièces, ne sont à l’origine que d’environ 10% des liquidités en circulation. Pour l’essentiel, ce sont en effet les banques commerciales, comme la BMCE ou le BP, qui créent la monnaie.

Comment font-elles ?

Elles accordent des crédits à leurs clients, voilà tout ! Certes, pour pouvoir le faire, elles doivent posséder en réserve les sommes qu’elles prêtent — et même un peu plus, afin de faire face aux retraits. Pour 100 dirhams déposés dans leurs caisses, elles ne peuvent ainsi offrir qu’un crédit d’environ 80 dirhams à un particulier, une entreprise, ou à l’Etat. Mais ce faisant, elles créent bel et bien de la monnaie. La preuve ? Les 100 dihrams de dépôt existent toujours, puisque leur possesseur peut en jouir à sa guise. Et les 80 autres existent aussi, leur emprunteur les a peut-être déjà dépensés le temps que nous écrivions ces lignes. La banque les a donc fabriqués de toutes pièces. Juste retour des choses, lorsqu’on les lui remboursera, ils seront automatiquement détruits.
On le voit, la monnaie n’est pas une masse stable, un gros tas d’argent réparti entre les agents économiques, comme on l’imagine intuitivement. C’est une somme de liquidités mouvante, qui gonfle et se rétracte en permanence, en fonction des crédits offerts. Les choses vont d’ailleurs plus vite qu’on ne le pense. Imaginons à nouveau qu’un client A dépose 100 dihrams sur son compte et que l’établissement s’en serve pour accorder un prêt de 80 dirhams à un client B. Quelle que soit la façon dont il sera dépensé, cet argent va atterrir lui aussi sur un compte bancaire. Il pourra donc servir à son tour de réserve pour l’octroi d’un nouveau crédit, d’environ 60 dihrams cette fois, et ainsi de suite. Au total, à partir d’un dépôt de 100 dihrams, les banques dans leur ensemble peuvent fabriquer plus de 200 dihrams de nouvelles liquidités. Les spécialistes appellent cela le multiplicateur de crédit.

Mais alors, pourquoi ne crée-t-on pas plus de monnaie pour s’enrichir ?

Au pays du Père Noël, cela marcherait sûrement. Mais pas dans la réalité. Car ce ne sont pas les moyens de paiement qui font la richesse, mais bien le volume de produits et de services disponibles sur le marché. A quoi sert d’avoir les poches plei
nes d’or si les étals sont vides ! Voilà pourquoi la quantité de monnaie en circulation doit toujours être corrélée à la production. Si elle augmente plus vite, ce sont… les prix qui s’emballent.
Les Allemands peuvent en témoigner. Dans les années 1920, leur Banque centrale avait imprimé une telle masse de marks (pour rembourser à la France 
les dommages de guerre) que les étiquettes doublaient tous les jours dans les magasins. Il fallait une brouette remplie de billets pour acheter son pain ! Un siècle plus tard, nos voisins sont toujours traumatisés par le souvenir de cette hyperinflation, et cela explique leur obsession de la rigueur.
On n’en est certes plus là aujourd’hui. Mais, selon les économistes, le monde souffre encore d’un excès 
de liquidités, et ce n’est 
pas une bonne nouvelle. Placée sur les marchés financiers, cette énorme quantité d’argent provoque en effet l’apparition de bulles spéculatives dont l’explosion peut s’avérer ravageuse, à l’exemple des subprimes. C’est pour éviter ce genre de dérives que les Etats et les Banques centrales tentent d’encadrer la création monétaire.

Pourquoi les Banques Centrales  ne créent-elles pas davantage de monnaie pour faciliter la relance de la croissance ?

Comment s’y prennent-ils ?

Ils mettent en place des mécanismes pour limiter les capacités de prêt des banques. En Europe, ces dernières sont par exemple contraintes de respecter plusieurs ratios réglementaires : elles doivent placer l’équivalent de 1% de leurs dépôts auprès de la BCE (Banque Centrale Européenne. Ce sont les réserves obligatoires. Elles doivent aussi se soumettre au ratio de Bâle III, qui leur interdit de prêter plus de 8% de leurs fonds propres – c’est-à-dire de leurs capitaux. Les Banques centrales peuvent aussi faire varier à leur guise leur taux directeur, qui détermine les taux d’intérêt auxquels les banques prêtent de l’argent. Plus il augmente, plus les emprunts seront chers, moins les ménages et les entreprises leur en demanderont, et moins on leur en accordera. Ainsi, le multiplicateur de crédit, à l’origine de la création monétaire, sera freiné.



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